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M DU SURNATUREL fit, s'il faut en croire notre docte confrère Monfalcon (1), le livre de l'Imitation de Jésus-Christ, ce livre tout imprégné de Dieu et de l'esprit de la solitude, où la plainte mélanco- lique du fond de l'homme ne s'entend que pour soulever à l'instant l'écho des célestes consolations, si bien que la peine changée en douceur a trouvé le secret de se faire aimer. C'est aussi dans nos murs que saint François de Sales a composé son admirable Introduction a la Vie dévote, autre trésor d'adoration mystique, et, pour parler le langage de son auteur, autre élixir de foi, d'espérance et de charité ; et son cœur, qui a tant battu pour Dieu et pour les hommes, serait encore déposé au milieu de nous comme une glorieuse reli • que, si dans leur effroi du mouvement profanateur de la Ré- volution , nos religieuses de la Visitation ne l'avaient em- (1) Je n'entends pas soutenir que Gerson soit l'auteur du livre de l'Imi- tai ion. Je ne fais que me placer au point de vue indiqué par mon savant confrère, [Histoire, de Lyon, t. II, p, 473), avec quelque complaisance de patriotisme local, que l'opinion contraire ne pourrait guère être définitive- ment proclamée à Lyon et par des Lyonnais. Quand on croirait devoir attri- buer à d'autres, tels que Thomas A-Kempis, Jean Gersen ou à un auteur inconnu, la composition de ce beau livre qui se place au-dessous des Ecri- tures comme le chef-d'œuvre de la mysticité chrétienne, resterait toujours la question de savoir si Gerson n'a pas pu y prendre part. MM. J.-J. Ampère et Michelet sont d'avis que l'ouvrage est de plusieurs temps et de plusieurs mains, qu'il s'est formé peu à peu et qu'il n'a été complètement rédigé qu'à la fin du moyen-âge. C'était aussi la conjecture de Suarez ( conjectura de tmitatione) qui pensait, en outre, que le quatrième livre avait été ajouté par Gerson. 11 y aurait donc, dans une opinion qui est encore embrassée aujourd'hui par les savants, quelque vraisemblance ou quelque possibilité que Gerson fût au moins en partie l'auteur de l'Imitation. On peut consulter , avec les écrits cités ordinairement sur ce sujet, les savantes dissertations de M. Nolhac, membre de l'Académie de Lyon, des articles publics dans la Gazelle de Lyonp&r M. le docteur Lacour, le livre du professeur Paravia, qui a paru à Turin en 1853, et un travail de M. Ernest Renan, dans ses Etudes d'histoire religieuse.