page suivante »
ET DU MYSTICISME. 33 fait encore que dorer les sommets et qui semble donner le signal de l'hymne de be'nédiction à la terre endormie, le surnaturel n'est parmi nous radieux qu'à demi; notre raison qui habite dans les vallées n'en est pas éclairée encore, mais notre cœur placé plus haut en a été effleuré, et c'est le réveil enchanté de la nature humaine qui se fait par le sentiment, l'amour, le divin idéal du beau et du bien. Oh ! vous pourriez sans trop de péril laisser quelques instants encore la raison dans son ombre et son sommeil ; il y a une vigie sainte; je ne sais quoi d'angélique qui réside dans nos poétiques instincts, y protège nos langueurs contre nos fai- blesses; mille voix qu'il faut savoir écouter murmurent dans notre sein, comme les bruits qui nous viendraient des rivages delà patrie; mille tendresses indéfinissables nous agitent, mille vagues délectations du ciel fondent sur nous ; et le sur- naturel, absent mais tout proche, qui nous émeut ainsi, c'est le mysticisme. Rassurez-vous, je n'outragerai point la pierre du foyer, et ce n'est pas à Lyon que je voudrais médire du mysticisme. D'ici nous apercevons la colline du haut de laquelle la Vierge, laissant échapper de ses bras ouverts les largesses de la charité, abaisse un regard serein sur la ville où son culte fut toujours en prédilection; la Vierge qui avait a Àinay une chapelle où, dès le XIe siècle, l'Immaculée Conception se fêtait par anticipation sur le dogme qui devait être proclamé au XIXe siècle. Semblable à la mystérieuse lueur qui se ré- pand dans les cryptes de Saint-Irénée, un jour souffrant et doux n'a jamais cessé d'illuminer notre foi. Parmi nous, mourut le docteur séraphique saint Bonaventure, qui nous a laissé, près d'une église mise sous sa dédicace, l'héritage de son tendre et aimant génie. Si vous passez dans les rues sombres de l'ancien cloître Saint-Paul, vous songerez avec respect que l'a vécut retiré l'illustre chancelier Gerson : la il