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                      ET DU MYSTICISME.                       19

rigoureusement exact d'avancer que,, dans leurs manifesta-
tions, ils se manifestent aussi peu que possible. Je ne trou-
verais pas assurément à redire à cette réforme qu'une cer-
taine logique pourrait approuver, si le résultat n'était point
par trop soustrait au contrôle de l'assistance et si tout ne
dépendait ainsi en définitive de ce truchement interposé en-
tre les deux mondes, de ce médium qui, avec une bonne
foi parfaite, peut n'être qu'un enthousiaste, un halluciné ou
un fou. Au moins, ses lettres de créance devraient-elles
être délivrées après coup par les événements, puisque ce
serait le seul moyen de s'y reconnaître et de discerner la
vérité de la fraude ou de l'erreur. Mais, de ce côté, les fai-
seurs actuels d'évocations n'ont pas besoin d'être bien vive-
ment pressés. Ou sont les preuves un peu parlantes de l'uti-
lité de leur commerce avec les esprits? En quoi les puis-
sances de l'homme en ont-elles été augmentées? Comment
a-t-on mis à profit les moyens de s'éclairer et de s'enrichir
qui devaient suivre de ces révélations extraordinaires ?
Parvient-on de la sorte a connaîlre a dislance ou par avance
le cours de la Bourse ? Invente-t-on quoi que ce soit dans
l'art ou la science? Perce-t-on le secret des cbancelleries?
 Entre-t-on, au Vatican ou aux Tuileries,dans l'intimité de la
 grande politique? Hélas, rien n'est changé et le monde
roule toujours du même train. Soyons donc tranquilles, dans
 ce siècle auquel on reproche sa brûlante avidité de l'or et
du pouvoir, le crédit des esprits passera assez vite si-
tôt qu'on se sera aperçu qu'ils ne sont bons a rien, et, tran-
 chons le mot, qu'ils sont d'une incurable niaiserie.
   Et peut-être trouvera-t-on qu'il y a de ma part dans ces quel-
ques réflexions un excès d'égards envers des superstitions
ridicules, quand de même que Raphaël qui gardait la no-
blesse en peignant la fureur, je conserve le langage mesuré
de la raison en racontant la folie. Je m'impose d'ailleurs,