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LA FOURMI ET LE FORMICA-LÉO. Autre objet de terreur pour l'artiste ambulante. Demi-morte, demi-tremblante, Elle raconte ses malheurs Ce récit au forban arrache quelques pleurs . A son appétit sanguinaire, 0 prodige ! succède un accès de pitié : » De mon souper, dit-il, acceptez la moitié... Il est frugal, car je fais maigre chère. En ces jours de froidure, et d'un jeûne forcé, Par la bise longtemps je me vois menacé ; Mais je n'entends pas qu'à ma porte De faim quelqu'un vous trouve morte ... » Il dit, l'entraîne en son manoir Et lui fait les honneurs de son repas du soir. Ami, d'ici je vous vois rire, Et, d'un air d'incrédulité, Votre œil narquois semble me dire Que j'ai tronqué la vérité. « Un myrméléon secourable ! Depuis quand cela s'est-il vu? » Si son estomac est pourvu, Le fait peut être vraisemblable, Tandis que la fourmi, toujours insatiable, Prodigue les conseils au pauvre, au misérable, Mais ne donne pas un fétu. F. COIGNET.