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         SUR LA VIE ET LES OEUVRES DU P. DES BILLONS.                   197
occupation. Tous les jours il célébrait la messe, et ne manquait
à aucun des exercices prescrits par sa règle. Le reste de son
temps se partageait entre la lecture des auteurs anciens et mo-
dernes, la composition de nouveaux ouvrages et le soin de sa
bibliothèque. Toujours actif et laborieux, il ne se permettait rien
qui fût de pur amusement. Il se borna à un petit nombre d'a-
mis, parmi lesquels était le chevalier de Caux, auteur d'un poème
de la France délivrée, et qui, d'abord Oratorien en France, s'é-
tait ensuite attaché à la cour palatine (1). Il aimait à fréquenter
cette petite société d'hommes de lettres, et faisait souvent avec
eux des promenades où il quittait son air grave et sérieux, pour
se livrer à cette joie douce et pure, qu'il appelait la fille de l'in-
nocence et la mère de la félicité. Quelquefois même, il poussait
la condescendance jusqu'à chanter des chansons gaies et naïves,
qu'il avait composées dans sa jeunesse, pour les divertissements
des jeunes Jésuites, pendant les huit jours de récréation qu'ils
passaient tous les ans à leur campagne. 11 avait été l'âme de
ces petites fêtes comiques et innocentes, auxquelles chacun devait
contribuer, et auxquelles il contribuait plus que les autres.
   Il n'avait pas la sotte vanité de ces savants qui font à tout
propos l'étalage de leur érudition, et il fallait le mettre dans la
nécessité de montrer la sienne ; encore ne la montrait-il qu'avec
réserve et modestie. Mais, dès qu'il s'agissait de littérature, on
le laissait faire presque seul les frais de la conversation, tant il
la rendait agréable et instructive. Sa prodigieuse mémoire et l'i-
népuisable fond de ses connaissances le mettaient en état de
discourir savamment sur tous les auteurs grecs, latins et fran-
çais, qu'il avait lus avec l'attention la plus réfléchie. 11 en ra-
contait une foule d'anecdotes, qui servaient à développer leur
caractère personnel et celui de leurs écrits. 11 marquait à cha-

    (1),Cette dernière circonstance est exacte pour Caux de Cappcval , qui a
traduit la Henriade en vers latins, et écrit divers poèmes, dont aucun ne
porte dans les dictionnaires biographiques le titre donné ici par Maillot de
la Treille. S'il ne s'agit pas de Caux de Cappevàl , nous ne voyons pas qui
l'on a voulu désigner.