page suivante »
LOUIS-PHILIPPE D'OBLÉANS. 367 croire certains récits, de les mêler le môme jour aux danses frénétiques des femmes du peuple, dans le jardin même du Palais-Royal. Ces dangereuses instigations portèrent leurs fruits. Les ducs de Chartres (1) et de Montpensier et leur sœur Adélaïde embrassèrent avec ardeur la cause révolutionnaire ; l'âge en- core peu avancé du comte de Beaujolais, le tint en dehors de tout engagement de parti. Les ducs de Chartres et de Mont- pensier étaient présents le 5 octobre à la séance de l'Assem- blée nationale où Pétion dénonça la fêle militaire donnée quelques jours avant par les gardes-du-corps au régiment de Flandre, sous les yeux de la famille royale. Cette dénon- ciation d'une portée si dangereuse dans les conjonctures critiques où l'on se trouvait, excita un tumulte inexprimable. Des cris de sang se firent entendre sur plusieurs bancs. « Ces messieurs, dit un député de la droite, demandent encore des lanternes.—Oui, messieurs, il faut encore des lanternes ! » re- péta le duc de Chartres avec véhémence. Cette odieuse excla- mation ne fut pas le seul encouragement que les excès du parti révolutionnaire reçurent alors du jeune Louis-Philippe. On voit par les mémoires de la marquise de Créquy et par ceux de Clermont-Gallerande, qu'il assista avec son frère et sa sœur, sur la terrasse du château de Passy, à l'humiliation de Louis XYI et de sa famille, ramenés à Paris par une populace altérée de leur sang. Ce douloureux épisode de la révolution s'accomplissait sous les yeux de Louis-Philippe le jour même où il atteignait sa seizième année : âge tendre encore pour une personne privée, âge raisonnable pour un prince, et dont l'excuse disparaît d'ailleurs dans un reproche trop mérité d'in- gratitude personnelle. Le jeune duc avait été tenu sur les (i) Louis-Philippe d'Orléans avait reçu ce nom à la mort de son aïeul Louis-Philippe, arrivée le 18 novembre 1765.