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                    LA TENTATION.                         287
Le rêveur jusqu'au soir penché sur son image.
Sur les branches bercés entre les pommes d'or
Les oiseaux l'invitaient à cueillir ce trésor.
De leur plus frais carmin les rosiers voulaient luire.
Les lys s'étaient parés afin de le séduire,
Et d'avoir pour eux seuls les regards de ses yeux
Distraits des fleurs de l'âme et détournés des cieux.


Ainsi pour l'arracher à sa vision pure
Et pour ôter son cœur aux hommes, la nature,
Les arbres, les fruits d'or, les brises qui chantaient,
Les sources, les oiseaux et les fleurs le tentaient.


Ailleurs, n'espérant plus le vaincre par ses charmes,
Contre lui la nature essayait d'autres armes,
Aux yeux du solitaire active à s'entourer
Des sauvages grandeurs qui la font adorer,
Et tiennent sous son joug, enchaînés par la crainte,
Ceux dont l'âme secoue une plus molle étreinte.
Les cratères éteints se rouvraient tout-à-coup ;
Des reptiles fangeux sifflaient, dressant le cou ;
De livides éclairs et des oiseaux funèbres
Sur le front de Jésus glissaient dans les ténèbres ;
Furieux de subir un étrange ascendant
Les tigres contre lui s'élançaient cependant.
Les rochers, les débris des cèdres centenaires
Croulaient sur son chemin lancés par les tonnerres ;
L'orage, enfin, tâchait, en ébranlant son corps,
D'occuper sa grande âme aux choses du dehors.


Mais lui s'arme en priant d'une force paisible,
Il tient son cœur tourné vers le père invisible,
Et, l'homme intérieur dominant ce concert,
L'esprit parle en son sein plus haut que le désert.