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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. -l i Dieu nous a dit qu'il créait l'homme à son image. Le Dieu de l'infini n'est pas un simple producteur de phéno- mènes, il est le créateur de l'être. Lui, Dieu vivant, lui, l'Absolu, il a fait l'être selon ce qu'il est, autant et comme il est lui-même! C'est pourquoi l'homme a reçu le fond de sa substance; il a son commencement, il a sa causalité. Mais comme il ne peut y avoir qu'un infini, il a fallu que celte création fut placée en dehors des données absolues. El les libertés ont ôlé répandues dans le champ de l'exis- tence relative... Si elles n'avaient pas été soustraites à l'ab- solu, leur premier acte devenant irrévocable, elles eussent perdu du même coup le bénéfice de la liberté. La liberté devait entrer dans le temps libre. Or le propre des êtres libres est de ne point se ressembler. L'empire de la liberté est celui de la variété innombrable. Si la vie était la même, elle ne serait que pour un seul. Les situations qu'elle offrira doivent êlre également innombrables. En cela je reconnais le noble champ des êtres libres ! Il faut bien calculer que toutes les âmes sont en ce monde... C'est là celle plage du temps où l'on voit les innombrables libertés éclore, se lever et se mettre en marche pour la pre- mière fois; là , qu'allaul toutes selon leur pas, les unes len- tement, les autres d'un vol plus léger, elles s'échelonnent et se distribuent, suivant leur nature, sur les diverses zones du monde moral. Les êtres libres s'élèvent ou s'abaissent comme les instincts dans leur cœur... Car toule âme commence à s'aimer sur un point; point d'où part l'égoïsme qu'elle est appelée à détruire. De là au- tant de sorlcs de caractères dans les âmes qu'il peut y avoir de degrés dans l'échelle infinie de l'amour. C'est cette diver- sité de degrés qui malheureusement produit sur la terre une hiérarchie extérieure.