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MADAME ANTONIA BOSSU 463 c'est toujours une note d'idéale résignation et de noble pudeur qui s'échappe en dernier ressort de sa lyre. La brièveté des joies humaines [Mouches folles, Envolé), la douceur du souvenir (Hier, Demain, Sur la mer) : Vision de ce qu'on regrette Qu'éveille la lueur discrète Au clair miroir qui la reflète. Mou doux rêve errant vous poursuit Sur le ruban d'argent qui fuit • Et tremble dans la pale nuit. Puis il détache la nacelle Du souvenir tendre et fidèle Et, trompant l'absence cruelle. Par le chemin des flots calmés S'en va... vers les Edensfermés, Se blottir au cœur des aimés. Le besoin incessant d'aimer, la peur instinctive de la vieillesse qui glace le cœur et éteint l'enthousiasme : Oui, mon arur sans vieillir fait sa course ici-bas! Oui, l'âpre soif d'aimer, malgré le jour qui penche, Reste à ma lèvre aride et jamais ne s'épanche Même au plusfrais ruisseau gazouillant sous mes pas. Voilà quels sont les sentiments les plus généralement exprimés. Mais à côté de ces élans d'âme qui révèlent le cœur généreux, sincère, fait pour la plus noble vie et qu'attriste toutes les laideurs, les oublis et les déchéances, d'autres pièces, d'une grande beauté, décèlent en M m c Bossu, le penseur: La Souffrance. Souffrance, gloire à toi ! c'est par toi que l'amour Est entré dans le monde ! Eve qui résout de si noble manière le problème du féminisme, mon- trant en la femme « l'ombre douce qui va par le rude chemin », faisant pour l'homme « de la clarté d'un geste de sa main. » Ce poème, très beau malgré quelques longueurs, obtint un 2 e prix de l'Académie Florimontaue.