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458                    MADAME ANTONIA          BOSSU

souplesse, son vers ému traduit tous les sentiments de son âme,               la
révèle entière avec toutes les tristesses venues de la vie et toutes         les
ivresses puisées à l'art ; mais si tout est dit dans son livre, tout y est   dit
avec tant de tact et de discrétion que le critique hésite craignant           de
donner maladroitement un coup de crayon trop accusé :
                   Chante^ toujours vos chants si beaux
                   Divines compagnes des âmes,
                   Ils font oublier tous les maux,
                   Et rallument toutes les flammes,
                   Chante^ toujours, chante^ en chœur
                   Pour mes espérances blessées...
                   Gardez le secret de mon cœur
                           O mes pensées !


                                      *

   Sa biographie tient tout entière dans ces quelques lignes du beau
discours que prononça sur sa tombe son ami Camille Roy, le sympa-
thique président du Caveau; « Saluons la femme dont la vie fut si
complète, si utile et si belle, qui en accomplit si hautement tous les
devoirs, qui en subit si courageusement toutes les épreuves, qui fut non
seulement une épouse et une mère admirables, mais encore une éduca-
trice et une consolatrice de la foule. »
    Femme d'un médecin très connu dont la fin prématurée la laissa
veuve de bonne heure, M me Bossu vécu dès lors en la presque solitude
de sa villa « Mon Caprice » à Saint-Rambert, sur les bords de la Saône
aux flots paresseux, aux rives verdoyantes, dans ce paysage exquis de
l'Ile-Barbe qu'elle a si souvent chanté, en face de ce Chatelard héroïque
qui reçut Charlemagne en ses murs.
                                  Antique paysage,
               Tu fais lire à mon cœur le livre du courage
               Toi noble Chastelard, roi campé sur ton roc,
               Fier donjon qui des temps as supporté le choc.
               lu m'apprends à dompter l'humaine inquiétude,
               A goûter les fruits doux de Y âpre solitude.
  Dans ce « doux site hospitalier » où venait la visiter des amis fidèles,
en face de la nature, au milieu de ses livres chers, mise à l'abri du