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                 CHRONIQUE D'AVRIL I 9 0 I    '           393

   Le 8, les lettres font une perte très grande en la personne
de Mme Antonia Bossu, morte presque subitement à Men-
ton. Cette femme, de grande intelligence et de grand cœur,
incarnait l'âme lyonnaise, dans ce qu'elle a de plus subtil
et de meilleur, ainsi que l'écrivait le critique G. de Fusty.
Les vers étaient empreints de cet idéal un peu triste et
rêveur qui a été comme la marque d'origine de tous nos
grands artistes. Poète et critique à la fois, Mmc Bossu, qui
collabora pendant de longues années à la Revue du Siècle,
avait obtenu de nombreux succès aux concours du Caveau
Lyonnais, de la Lice chansonnière de Paris, du Caveau
Stéphanois et des Jeux floraux qui lui avaient valu l'œillet
d'argent.
   Son dernier volume, Au fil de l'eau, établit sa réputation
d'écrivain et de poète; forme impeccable, variété et sou-
plesse du rythme, maîtrise dans le vers, idées élevées, senti-
ment délicats, émotion sincère, toutes ses qualités se
trouvent réunies dans cette œuvre.
   Ajoutons que l'écrivain se doublait de la femme la plus
aimable, gracieuse, à l'accueil toujours bienveillant, unis-
sant les charmes de l'amie au sens droit du critique.
   Une autre mort nous affligeait, le 8 avril, je veux parler
du décès du docteur Simon Perret, ancien professeur agrégé
à la Faculté de médecine et qui laisse, à Lyon, le souvenir
d'un savant qui a succombé au labeur et au surmenage
intellectuel. Il était né à Villefranche.
   Le 9 avril, ont lieu à Pusigneux les obsèques de Mme de
Choiseul-Daillecourt, marquise de Quinsonas. On sait que
cette famille compte les plus nobles alliances en Beaujolais
et en Dauphiné.
   Le 10, mort à l'hôpital Desgenettes, à Lyon, de M. le
lieutenant Bard, du 2e dragons, qui, le 31 mars dernier,