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DK L'ANTIQUITÉ A LA RKXAISSANCK 36) sidérable. En effet, vers la fin du ve siècle, malgré que Constantin l'eût dépouillée en maints endroits en faveur de Byzance (325), et que les Goths et les Vandales, conduits par Alaric (410) et Genséric (455), eussent ruiné un grand nombre de chefs-d'œuvre, les édifices, les voies publiques, les places regorgeaient encore de ces grandioses témoins d'un art évanoui. Totila, en 546, fit briser ou jeter à terre la plupart des statues que, cinquante ans auparavant, Théodoric (493), avait épargnées. Plus tard, la destruction fut telle, qu'au début du xv e siècle, il n'en subsistait plus que six : cinq de marbre, une de bronze. Un écrivain de cette affreuse épo- que s'exprime ainsi : « On était entouré de murs construits avec des fragments antiques, comme s'ils eussent été des pierres sans valeur, et le sol était de toutes parts jonché de leurs débris mutilés (1). » Grégoire le Grand (590-604), dans une des vingt-quatre homélies qu'il prononça à Rome que menaçait Agiluph, roi des Lombards, indique en ces termes saisissants, le mal- heureux état de la ville éternelle : « Regardez où en est réduite celle qui était jadis la dominatrice du monde ; ployant sous d'épouvantables calamités, sous la douleur de ses enfants, sous les attaques de ses ennemis, sous ses ruines nombreuses, elle est sur le point de subir le sort qu'Ezéchiel prophétisa à Samarie. O Rome, tu deviens chauve, non comme l'homme ne perdant que sa cheve- lure, mais comme un vieil aigle dont tout le corps se dépouille de ses pennes et de ses plumes (2). » (i)Poggio Bracciolini Traversari, Besch.Rom. I, 256. (2) Homilia VI, lib. II, vol. I ; et Homilia IX, lit-. I. Sancti Gregorii in Ezechielam. Op. orniiia, Parisiis, 1705.