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362 LA SCULPTURE A ROME L'on aurait tort, néanmoins, d'attacher à cette rivalité une influence exagérée sur l'art italien pendant les ix e et xe siècles. On approchait d'ailleurs de cette redoutable année 1000, que l'on présumait universellement devoir amener la fin du monde. Ce cataclysme aurait-il lieu au commencement ou à l'issue de l'année? Tel était le pro- blème angoissant qu'essayaient vainement de résoudre les esprits troublés. Les couvents étaient assiégés; on suivait en processions les reliques les plus vénérées. On abandon- nait ses richesses à l'Eglise; on réformait sa vie; ou bien, au contraire, on abusait de tous les plaisirs, surtout des illicites. Enfin l'époque redoutable arriva. Mais la terre continua de tourner et toute la chrétienté, revenue de son trouble, se remit à vivre avec une fièvre et une exaltation inouïes. Ce fut, en reconnaissance, qu'on éleva tant d'églises dans l'ornementation desquelles la sculpture joua un rôle très important. Tout ensemble, architectes, sculpteurs et peintres, les artistes médiévaux donnèrent à ces monuments un caractère d'unité admirable qui perpétuera indéfiniment l'élan de foi de cette étonnante époque. Il est à remarquer que ce n'est qu'aux xn e et xm e siècles que les sculpteurs romains commencèrent à signer leurs œuvres. Les louanges de leurs contemporains, les inscriptions gravées sur leurs travaux semblent indiquer que leur pro- fession était alors estimée. Mais les hyperboliques éloges donnés aux sculpteurs médiocres indiquent aussi combien s'était perdu le sentiment de la Beauté. On peut dire toutefois que ces artistes" médiévaux, n'envisageaient la sculpture que comme esclave de l'archi- tecture. Ils ne sculptaient des statues que pour surmonter