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288                  LA SCULPTURE A ROME

tantin, qui non seulement enleva de Rome, pour enrichir
Byzance, une multitude incalculable d'oeuvres d'art, mais
encore entraîna à sa suite tous les artistes et tous les
ouvriers dont il crut avoir besoin pour orner la nouvelle
capitale de l'Empire. Ceux qui demeuraient à Rome, inca-
pables même de copier l'antique, employaient, quand ils
devaient élever de nouvelles constructions, de vieux frag-
ments qu'ils associaient gauchement avec leurs créations
inférieures ( i ) .
   L'art païen expire. Il n'est plus capable désormais de
donner une œuvre durable. Il s'essaierait en vain, par
exemple, à ciseler un verre dans le genre de celui trouvé
près du tombeau de Gecilia Metella. Il lui serait, à cette
heure, impossible d'en reproduire la forme élégante, le
feuillage d'un relief fin et discret, les délicates anses à mas-
carons, les oves, les feuilles d'acanthe avec cannelures à la
gorge.
   Il ne faudrait pas davantage lui demander de figurer les
charmes et la grâce naïve qui caractérisent si heureusement
cette petite statue de jeune fille qu'on admire au Musée du
Capitole sous la dénomination de l'Innocence. Cette enfant,
qui tient dans son sein une colombe, se retourne effrayée
par le sifflement d'une vipère. Distinction, élégance juvé-
nile, chasteté, telles sont les qualités qui émanent de cette
statue. Ah! les artistes en décadence de l'époque impériale
auraient vainement tenté une exécution aussi suave, une
personnification aussi exquise du symbole de la douceur !
   Ils n'auraient pas davantage, dans le bas-relief connu sous
le nom de Table iliaque, représenté avec tant de suavité les


   (i) Non si trova quasi piu nessuna menzione dell' arte dopoi tempi
cli Constantino. (Winckelmann.)