page suivante »
DK L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE 285 dans un long et doux enlacement ; l'Amazone se préparant au combat; YHécube au désespoir, et ce merveilleux Faune à la vendange, tout de marbre rouge et dans la représentation duquel on ne sait ce qu'il faut le plus admirer de l'heureux choix des formes ou de la justesse du caractère ; chez ce dernier jamais l'art romain n'aurait su allier d'une si heu- reuse façon la mollesse musculaire aux accents de la nature sauvage, et il n'aurait pu représenter avec plus d'habileté un corps aussi robuste, affaibli, jusqu'à en paraître fléchissant, par l'ivresse et la sensualité. Les sculpteurs du règne d'Adrien, employés presque uniquement à exécuter les statues de l'Empereur et de son favori Antinous, indiquent par ceux de leurs travaux qui sont parvenus jusqu'à nous que, contraint de suivre une voie désignée par la volonté d'un homme, l'art, quelle que soit sa correction, restera toujours terne, compassé, sans inspiration. Adrien, tout ensemble architecte, sculpteur et peintre, était si fier de ses talents, qu'il ne tolérait aucune critique. En voici la preuve. Durant le règne de Trajan, Apollo- dore, l'habile architecte du Forum Trajanum, eut la mala- dresse de répondre assez rudement à Adrien qui intervenait dans une discussion élevée entre l'Empereur et l'artiste au sujet de projets d'édifices. Il commit ensuite l'imprudence de critiquer la construction du temple de Vénus et de Rome dont Adrien avait dressé les plans. Dans cet édifice, les deux déesses, de dimensions gigantesques, étaient représentées assises et dos à dos dans des sanctuaires séparés. « Si elles se levaient, dit Apollodore, elles ne pourraient sortir du temple. » Adrien était envieux de toutes les manières : dans la politique de Trajan, dans les lettres de tous les génies. Il aimait beaucoup les savants quand ils