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             DE L'ANTIQUITÉ A LA RENAISSANCE               283

retracés dans un style énergique, comme il convient à un
pareil sujet.
   Deux mille cinq cents figures se meuvent dans ce gigan-
tesque bas-relief; toutes sont dessinées correctement. Le
modelé en est vaste et vivant. Nous sommes en présence
d'une sculpture historique qui, sans nous rappeler la subli-
mité des métopes et des frises du Parthénon, n'en présente
pas moins un caractère mâle, noble et grand. Le piédestal
est orné de trophées, d'aigles ou de guirlandes d'une parfaite
exécution. C'est au-dessous de ce piédestal que les cendres
de Trajan furent déposées dans une urne d'or. Sa statue en
bronze doré couronnait le sommet de la colonne, maiselle fut
transportée à Constantinople par un des empereurs d'Orient.
   C'est à ces qualités que les Romains durent de briller
dans le portrait, dans la narration exacte des faits et d'être
aussi grands annalistes sur le marbre que dans leurs livres.
On a eu raison d'appeler poème marmoréen ces cent qua-
torze compositions que divise en deux parties égales une
Victoire écrivant sur son bouclier les noms des héros. Dans
cette Victoire et dans la figure au-dessus, qui représente le
vieux Tibre, il est aisé de reconnaître un ciseau grec ou
gréco-romain. Mais le reste, batailles, sièges, abattages de
bois, constructions de cités, fondations de ponts, constitue
une œuvre tout à fait romaine. L'Empereur Trajan, recon-
naissable à sa tête plate et carrée et à ses traits accusés, se
voit partout. Il dirige ses soldats qui présentent une assez
frappante ressemblance avec les Trastéverins actuels et se
distinguent de leurs ennemis par le costume, la physiono-
mie et leur façon plus civilisée ou plus ordonnée de faire la
guerre. Car nul Romain n'aurait combattu à la manière de
ces Barbares qui tiennent par la chevelure, entre leurs dents
serrées, la tête de l'ennemi à terre.