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246 PJKRRK ESKRICH Tous les historiens du livre illustré, même Renouvier qui était assez indépendant (1), ont accepté l'opinion de Mariette et de Papillon. Hérissant a reproduit les assertions de Papillon. Ambroise-Firmin Didot s'est arrêté sur ce sujet et a affirmé avec plus de fermeté que ses prédécesseurs l'existence de Jean Moni, dont « le dessin est, à son avis, plus énergique et plus savant que celui du Petit Bernard (2). » Cette partie de l'Essai de Didot n'est fondée, nous regrettons de la dire, sur aucun document original, sur aucun fait positif. Cela dit, il ne fout pas s'étonner que, dans des articles de critique, dans les catalogues de bibliothèque ou de livres en vente, Moni soit mentionné au même titre que Bernard Salomon (3), et le soit de la façon la plus formelle. Il nous reste à faire la remarque que les mots écrits sur les tablettes du prophète Jude n'ont pas plus de sens que ceux qui sont tracés sur d'autres vignettes gravées par Eskrich. Mais il est étrange qu'Eskrich ait, une seule fois, il est vrai, sur une vignette de dessin et de gravure médio- cres, tracé ce mot de Moni en petites lettres capitales. Nous ajoutons qu'il n'y a eu à Lyon, à aucune époque, de peintre ou de tailleur d'histoires du nom de Moni (4). (1) 11 semble que Renouvier ait fait ses réserves quant aux assertions de Papillon et de Zani. (Des types et des manières des graveurs, XVIe siècle, 1854, p. 205.) (2) Essai sur l'histoire de la gravure sur hois, 1862. col. 261 à 263. (3) On n'a qu'à voir la Galette des Beaux-Arts, notamment la livraison de septembre 1883, et le Catalogue des livres à figures du cabinet de M. E. Cotise (1894), cabinet qui avait été formé en vue de l'étude de l'ornementation du livre. (4) Le nom de Moni n'a été non plus trouvé nulle part ailleurs. Mais nous devons à M. J. Baudrier, l'auteur de la Bibliographie lyonnaise du