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I72 LA PLEIADE FRANÇAISE par la noblesse ou l'élévation continue de la pensée, sa dignité perdue. Ce qui ne sera chez ses jeunes et triom- phans émules qu'une attitude peut-être, ou une forme aristocratique de leur dédain du vulgaire, est bien dans ses Discours toute une philosophie, et presque une religion. Servons-nous encore de ses expressions : « La fureur divine, dit-il, est l'unique escalier par lequel l'âme puisse trouver le chemin qui la conduise à la source de son souverain bien et félicité dernière ; » et, des quatre sortes dont peut l'homme être épris de divine fureur, « la première est par la fureur poétique procédant du don des Muses ». Que si cette religion est d'ailleurs un peu vague, et si cette philoso- phie s'embarrasse pour ne pas dire qu'elle s'empêtre dans le pédantisme de son style, les traits n'en sont pas moins reconnaissables. Sans doute aussi, —etle choix de la forme du dialogue semblerait l'indiquer, —Pontus causait-il mieux qu'il n'écrivait. Ses avis, ses conseils auront eu probable- ment plus d'influence que ses exemples. Cela s'est vu quelquefois dans l'histoire. Et c'est pourquoi nous avons cru devoir lui faire ici la place qu'on ne lui donne généra- lement qu'à la suite de du Bellay et de Ronsard. Qui premier la course a pris Pour la louable carrière Premier doit avoir le prix Auquel tous vont aspirant. On en peut dire autant ou presque autant, de Louise Labé, « la belle Cordière. » A la vérité, ses Œuvres n'ont paru qu'en 1555, à Lyon, chez Jean de Tournes, mais elles à couraient » depuis déjà longtemps, et nous en trouvons la preuve dans YEpîire dédicatoire de l'auteur à M. C. D. B. L. [Mlle Clémence de Bourges, lyonnaise.] Elle y dit en effet : « Tant en escrivant premièrement ces jeunesses que