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110             L'ÈCRIVAIX CLAUDE DU VERDIER

thèque française, ouvrage imparfait sans doute, mais d'un
prix inestimable. Claude est forcé de convenir que ce gros
volume témoigne « d'assez de travail » ; mais quelle petite
industrie ! A quoi bon nous renseigner sur tant de livres
pitoyables ? Encore, si on se contentait d'enregistrer ceux
qui sont en vente chez les libraires ! Mais à quoi sert-il de
cataloguer les livres depuis longtemps oubliés ? Si le
respect eût permis à lui, Claude du Verdier, de faire des
remontrances à son père, il lui aurait dit tout net de ne
pas imprimer son livre. Aussi bien n'était-il pas bon de
révéler à l'univers cette vanité des Français d'avoir perdu
tant de papier ; mais on en est arrivé à ce point de folie, que
presque tous se mêlent de lire aujourd'hui ! Telles sont les
larges idées de Claude du Verdier ! Critique d'enfant grisé
de son petit savoir.
   La Censure fut l'origine d'une petite guerre d'auteurs.
Après une année environ, parut à Lyon une satire en prose
du livre de du Verdier : c'était un opuscule très court, pré-
cédé d'une « Epistre au lecteur ». On lisait à la première
page le titre de i'Auticalon, imité d'un pamphlet fameux,
mais l'auteur ne se découvrait pas ( i ) . J'ai inutilement
cherché ce modeste livret, dont il n'a pas survécu probable-
ment un seul exemplaire (2). C'est dommage, car il devait être
piquant. Quelques jeux de mots paraissaient bien un peu
gros; il n'y avait pas beaucoup d'esprit à dire, par exem-
ple, que l'ouvrage de du Verdier était vert. Mais le ton de
ce petit volume était léger, guoguenard ; on y rencontrait


   (1) On pourrait penser à Benoît du Troncy ; une pure hypothèse,
d'ailleurs, sur laquelle je n'insiste pas.
   (2) Je ne l'ai trouvé mentionné nulle part, et Baillet n'en dit pas
un mot dans son traité sur les Anti.