page suivante »
L'ÉCRIVAIN CLAUDH DU VERDIKR 107
l'a rempli de souvenirs personnels, et surtout du nom de
son père. L'ouvrage tout entier, écrit pour donner Ã
Antoine la preuve qu'il n'avait pas perdu son temps dans
les plaisirs de Paris, est un acte de piété filiale.
Paulo majora ! Claude du Verdier, ayant fréquenté « les
plus célèbres Académies de la France et de l'Italie », était
revenu à Lyon avec une immense confiance en son savoir.
Il espéra étonner le monde en s'annonçant pour un esprit
d'une compétence universelle, à qui rien n'était étranger
des sciences divines et humaines : en ce siècle féru d'érudi-
tion, c'était encore la voie la plus sûre à la gloire. Il
s'enferme donc quelques mois dans la bibliothèque de son
père, il feuillette, compulse, note, compare (1). De ce
travail hâtif est sorti un livre latin dont il faut d'abord
traduire le long titre fastueux : Censure de Claude du Verdier,
fils d'Antoine, contre presque tous les auteurs, principalement
ceux de l'antiquité, et eu laquelle sont reprises quelques erreurs
des plus autorisés Grammairiens, Poètes, Historiens, Dialecti-
ciens, Rhéteurs, Orateurs, Jurisconsultes anciens et modernes,
Mathématiciens, Médecins et Théologiens.
Mesure-t-on la dose d'outrecuidance et de puérile
présomption qui est enfermée dans ce titre extraordinaire ?
Voilà un jeune homme de vingt-deux ans, tout au plus.
Comme il est très appliqué, et doué d'une heureuse
mémoire, il a une culture étendue, mais il ne peut rien
savoir encore que des notions toutes faites reçues de ses
maîtres. Hé bien, c'est lui qui va prendre le rôle de redres-
seur omniscient ; il va faire la leçon à la science, à toute
science, sur le ton le plus décisif ; il va semoncer Aristote
(1) Dèfaice pour VAuctcur de la Censiou, Lyon, 1587.