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           LA CHAPELLE DE SAINT-ROCH A CHOULANS                             17

commis de la Santé ( i ) de se pourvoir d'un bâton rouge
et de le tenir constamment à la main, pour être plus faci-
lement reconnus du peuple.
   Enfin, injonction fut faite, sous peine d'amende, à tous les

   (1) La Santé était une institution dont la réapparition périodique de
la maladie avait rendu la création nécessaire à Lyon, à l'exemple de
bon nombre de villes d'Italie, et, sous le nom de « courbeaux », on
désignait les agents de cette administration chargés d'enlever les cadavres.
Lorsque les malades se débattaient encore contre les horreurs de la
mort, il y avait des gens qui se jetaient avidement sur leurs hardes et
sur leurs autres effets sans se mettre en peine du danger qu'ils couraient.
 Apparaissaient alors ces courbeaux, qui s'emparaient de ce qui restait
sur le corps mort, le traînaient par les pieds et le chargeaient sur leurs
 épaules pour l'aller jeter dans le tombereau.
   « C'est, dit Papon, par allusion à leur avidité comparable à celle des
oiseaux du même nom, qui aiment à se nourrir de cadavres, qu'on
appelait courbeaux ou corbeaux ces gens que le peuple désigne plus ordi-
nairement sous le nom de croque-morts ou de mange-morts. C'est sans
doute aussi le nom de corbeau ainsi appliqué qui est la racine du nom de
corbillard donné à Paris au char dans lequel on porte les morts au cime-
tière.» (Extrait du Traité de la peste, de PAPON, et relaté dans les Archives
historiques et statistiques du département du Rhône, t. X, p. 171).
   En Italie, les agents de la Santé avaient reçu le nom de monatti : ils
portaient une sonnette attachée au pied. « On ne trouvait guère pour
les fonctions de monatti, dit Manzoni, que des hommes sur lesquels
l'attrait de la rapine et de la licence avait plus de puissance que la
crainte de la contagion et toutes les répugnances. Ils entraient en maîtres
dans toutes les maisons et, sans parler du pillage et des mauvais traite-
ments qu'ils faisaient éprouver aux malheureux que la peste condam-
nait à passer par leurs mains, ils les appliquaient, ces mains infectes et
criminelles, sur les personnes saines, sur les enfants, les pères, les
époux, en les menaçant de les traîner au lazaret s'ils ne se rachetaient
pas à prix d'argent... On dit même qu'ils laissaient tombera dessein de
leurs chariots des effets infectés, pour propager et entretenir la conta-
gion, qui était devenue pour eux une fortune. » Voy. A L . MANZONI,
Les Fiancés, tableau de la peste de Milan.
    N° 1. — Janvier 1901                                                2