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       LYON ET LA GUERRE DE COURSE AU XVIIIe SIÈCLE          365

puisque la police des nations civilisées a fini par porter à
l'industrie des écumeurs de mer un coup dont elle ne paraît
pas devoir se relever.
    Dûment autorisé par une lettre de marque, le corsaire ne
fait main basse que sur les marchandises et les navires
appartenant aux sujets de la nation avec laquelle son pays
est en guerre : il sert, tout à la fois, les intérêts de sa patrie
 en faisant le plus de mal possible à l'ennemi et son intérêt
personnel en le détroussant à son profit.
    La course nJétait en somme qu'une piraterie légalisée
dont les négociants les plus honorables, les hommes d'Etat
 les plus éminents, les souverains eux-mêmes cherchaient à
 tirer le plus grand profit.
    Fouquet, Seignelay, Louvois avaient à leur service par-
ticulier des corsaires comme Jean Bart, le comte de
Forbin, Duguay-Trouin qui leur faisaient gagner beaucoup
d'argent.
    Louis XIV,— à l'époque où sa marine déclinait, — n'hé-
sitait pas à confier ses vaisseaux aux corsaires, en entrant
pour un tiers dans le partage du gain. Inutile d'ajouter que
Louis XV suivit cet exemple : les mêmes besoins entraînent
les mêmes injustices.
    Il faut se garder de juger les idées d'un temps avec celles
d'un autre: l'histoire est là, pour montrer que, pendant des
siècles, le patriotisme tenait, — dans les aspirations guer-
rières du pays, — une place bien moins grande que la soif
du butin et le désir de s'enrichir aux dépens du voisin. Que
dirait-on, — de nos jours, — si, dans une guerre continen-
tale, un Etat permettait l'organisation de bandes d'aventu-
riers dont la mission, le but avoué serait de voler et piller
le pays ennemi.?
    Comment se fait-il alors, que ce qui est universellement