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LE BOTTIER DE SAINT-GEORGES I95 AMANDA Oui. GUIGNOL, même jeu Lui ? AMANDA Voyez, je vous confie Tout, mon cœur sur la main, le secret de ma vie. A ce prix, qui servait notre amour mutuel, Il ne doit plus songer. Croyez-le, c'est cruel ! Oh ! ma douleur est loin d'être amère, au contraire, Car c'est mon compaguon d'enfance, c'est mon frère Qui doit avoir ce prix, et qui l'a mérité... Je n'y puis plus, tenir. (Ellepleure). Pardon. GUIGNOL En vérité, Je suis tout bouligué, je sens plus mes guibolles. AMANDA Oh! oui, c'est mal, je suis injuste, je suis folle. A votre isolement moi, je ne songeais pas. Mon bon ami Guignol vous n'avez ici-bas Que votre beau talent, ce grand art dans la grolle Qui de tous vos ennuis sûrement vous console. C'est bien ainsi : l'amour à lui, la gloire à vous, Et mon ami Piétro deviendra mon époux. Et vous êtes uu grand artiste que j'admire, Et je vous aime bien, et je veux vous sourire... (Elle lui prend la main). Et je ne pleure plus, je le veux, je le dois... Vous voyez, je souris. (Eclatant en sanglots). Mais c'est plus fort que moi. (Elle sort).