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               PROMENADE TRANSJORDANIENNE                   2It

cause de la saison avancée et déjà trop chaude, du temps
qui me manquait pour un séjour suffisant et enfin des
erreurs calculées ou involontaires de mes guides.
   Je ne m'attarde pas à rappeler les faits importants dont
ces lieux ont été le théâtre, à toutes les époques de l'histoire,
depuis Cham et Josué, qui mit à mort Og, roi de Bosan,
jusqu'aux Croisades. J'aime mieux dire mes impressions et
laisser entrevoir les conséquences de certains crimes trop
peu connus et qui jettent une lueur sinistre sur le caractère
et les tendances de l'administration ottomane.
   C'était au milieu de mai 1896. J'avais parcouru l'Egypte,
d'où le choléra m'avait chassé, et visité la Palestine,
Jérusalem, la Mer Morte, le Mont de la Quarantaine, le
Carmel, Nazareth, le Thabor et Tibériade. Mes deux
compagnons, M. Hébrard et M. Courbet, pressés de revoir
leurs familles, n'avaient aucune envie de s'aventurer à
cheval dans une région d'où le confortable était banni et
où la sécurité paraissait douteuse. D'autre part, le retour en
bateau de Caïpha à Beyrouth plaisait médiocrement à mon
estomac, déjà fortement éprouvé par les vagues syriennes.
J'avais en outre une horreur invincible de la quarantaine
qui nous attendait, et dont j'avais savouré les prémices,
pendant 48 heures, à ma sortie d'Egypte.
  Je souhaite bonne chance à mes amis et je me décide à
gagner Damas par la route ordinaire des caravanes, qui de
Tibériade se dirige sur Banyas.
  Je ne tenais pas compte des pillages et des massacres qui
venaient de ravager et d'ensanglanter ce territoire. Il m'est
impossible, à Tibériade, d'enrôler ni drogman, ni moukre.
Les Pères Franciscains eux-mêmes me détournent de mon
projet comme d'une entreprise téméraire, dangereuse, en
ce moment irréalisable.