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                      A JAS, EN [Oqé                         339

   Quel avait été le motif direct de ce revirement de faveur ?
L'amour de l'équité en serait à la rigueur une raison suffi-
sante : mais les actes humains ne sont pas exclusivement
provoqués par les sentiments les plus purs; nous obéissons
à tant d'impulsions diverses et simultanées que les explica-
tions trop simples risquent de n'être pas les plus vraies.
Je me suis demandé pourquoi le neveu ne professait plus à
l'endroit des protégés de son oncle la même bienveillance,
pourquoi il leur retirait jusqu'aux dons qu'ils, en avaient
reçus. Est-ce que la guerre, déclarée à l'archevêque par le
comteArtauld, n'aurait pas influé beaucoup sur cette déter-
mination ? Les Chauve, changeant de patron au profit de
leur ' ambition, n'auraient-ils pas essayé, dans le conflit,
d'incliner du côté du plus fort et de s'agrandir à la faveur de
cette seconde alliance très-politique, sinon aussi loyale ?
Et comme il arrive, le chef aura-t-il été enrichi par la victoire
pendant que les subordonnés auront supporté les frais du
traité de paix ? Les marrons, tirés du feu, ne sont pas
toujours croqués par celui qui s'est brûlé les doigts pour
les prendre. L'hypothèse n'est peut-être qu'ingénieuse ;
mais elle cadre assez bien avec les faits qu'elle rapproche
sans invraisemblance.
   Artauld, d'après son propre aveu, chercha à secouer la
prépondérance plus ou moins lourde, le joug plus ou moins
gênant du prélat royal, souverain dans presque toute
l'étendue de son diocèse. C'est plutôt à lui, et non pas à
quelque gouverneur amovible, contemporain de Charles-le-
Chauve, que les historiens accordent, aujourd'hui, d'avoir été
le vrai fondateur de la dynastie des maîtres du Forez; il jeta
les fondements de cet apanage, un des plus nobles de France,
mais il le composa, pour la plus grande partie, la chose n'est
plus douteuse, avec des domaines et des gens soustraits Ã