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                    LE COURS DES LIVRES                   395

 une catégorie de livres de plus en plus limitée. Ils veulent
des reliures parfaites et inouïes de richessej des prove-
nances illustres, en un mot, des chefs-d'œuvre classés. Je
me demande si l'amateur modeste qui profite pour ces
acquisitions, de la baisse relative des exemplaires, appar-
tenant à des catégories moins exceptionnelles n'est pas le
mieux inspiré ? °                                  •
    Une crainte m'assiège, on ne découvrira guère plus de
merveilles inconnues. Les recoins de toutes les bibliothèques
anciennes ont été fouillés, tous les greniers ont été explorés.
Dans les champs qu'ont moissonné, chez nous, les baron
Pichon et les Lignerolles, les Potier et les Morgand, il ne
réste.guère plus rien à glaner.
   D'autre part, comme je le disais tout à l'heure en indi-
quant ce qui s'est passé lors des ventes Ahsburnam, nos
bibliophiles de haute marque paraissent peu enclins à
acheter au loin et en dehors des genres où, depuis longtemps,
ils se sont confinés. Tenez compte, en outre, que malgré
tous leurs efforts, à chacune des grandes ventes de l'hôtel
Drouot, quelques exemplaires prennent le chemin de
l'étranger.
   Tout cela bien posé, je me demande si la destinée de la
bibliophilie va consister, en France, à faire de plus en plus
monter les prix de quelques exemplaires, toujours les
mêmes, toujours en nombre décroissant ? Les Homélies du
Bréviaire ont monté de ro.ooo à 18.000 francs, sera-ce
un progrès qu'elles soient, la prochaine fois, adjugées
30.000 francs?
    Faut-il se résigner â ne plus voir se constituer de vraies
collections, de véritables bibliothèques ?
   Le bibliophile de l'avenir ne sera-t-il plus qu'un million-
naire achetant de temps en temps, ou fréquemment s'il est