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LE COMTE D'HAUSSONVILLE 359 avec les femmes. Il se plaisait surtout à leur faire lire des crudités. Les deux correspondances publiées par M. d'Haus- sonville n'ont pas sans doute le cynisme de celles qui ont paru depuis, et l'on comprend qu'aidées de souvenirs personnels, atténuées par des interprétations ingénieuses, elles aient pu, grâce à leur tour facile, faire illusion à l'âme naturellement bienveillante de leur éditeur. Quand ses clients littéraires sont borgnes, il les regarde de profil. S'il avait alors connu les Lellres à Panizzi et à une inconnue, j'imagine toutefois qu'il eût été moins indulgent pour ce païen qu'on a justement appelé un hypocrite à rebours. Le Salon de M™ Necker intéresse davantage. Le sujet appartenait par droit de naissance à l'arrière petit-fils de Mme de Staël, et quand on l'a lu on ajoute : par droit de conquête. Que de tableaux gracieux, que d'élégants pastels dans ce livre de famille inspiré à et par Coppet, où Gibbon, Suard, Marir.ontel, Grimm, Buffon, Mme d'Houdetot et surtout la brillante Germaine qui devait plus tard se peindre dans Corinne, sont groupés autour de Suzanne Curchod! C'est le cas de répéter les vers de Th. Gautier : J'aime à vous voir dans ces cadres ovales, • Portraits fanés des belles du vieux temps, Tenant en main des roses un peu pâles, Comme il convient à des rieurs de cent ans Qu'on me pardonne cependant de préférer encore à ce riant paysage des bords du Léman, si amoureusement brossé d'une main filiale, les traits non plus intelligents mais plus graves et plus purs, le foudroyant éclair qui luit . dans l'œil d'un simple moine en qui notre jeunesse enflammée salua un jour le plus grand de nos orateurs sacrés, du P. Lacordaire. Destinées à la collection des