page suivante »
360 UN NOUVEL ACADÉMICIEN LYONNAIS grands éerivains français, les pages que lui a dédiées M. d'Haussonville sont courtes; mais comme elles sont pleines ! Comme on y sent, sous la perspicacité et l'ampleur du jugement, une émotion contenue et une admiration qui ne l'est pas ! Ce n'est plus le psychologue et l'artiste habile à pénétrer les mystères de la nature et de la langue féminine, tel qu'il se montre dans la biographie de la marquise de la Fayette; c'est le croyant qui s'incline bas devant l'apôtre et mesure sa taille moins à son génie qu'à l'ardeur de sa foi. Si la communauté de nos sentiments, si l'honneur que je rends à sa mémoire me rendent suspect, qu'on veuille du moins en croire un témoin qui connut dès l'enfance le P. Lacordaire, qui fut précocement admis dans sa familiarité et qui peut affirmer l'exactitude de son image. Quoiqu'elle soit en raccourci et que, par suite, l'ombre y voile plus d'un détail, elle est lumineuse, elle est vivante, elle rend la parole à des lèvres qui s'étaient volontairement condamnées au silence du cloître longtemps avant que la mort vint les glacer. Mais M. d'Haussonville ne s'en est pas tenu aux pures études littéraires. Il a particulièrement attaché son nom à des travaux d'un ordre tout différent, à des travaux d'éco- nomie sociale qui, mieux que d'autres, ont le privilège de s'imposer à notre temps. Dans l'Enfance à Paris, il s'est livré à une enquête approfondie sur le sort des enfants pauvres, souffrants, délaissés, vagabonds, vicieux ou criminels, souvent per- vertis dès l'âge de l'innocence, qui n'ont sucé qu'un lait corrompu au sein maternel et respiré qu'un air fétide dans les bouges de la grande ville ; il les a suivis partout, dans la rue, à la crèche, à l'école, à l'hospice, à la prison; il.est allé cueillir ces fleurs du mal jusque dans les ruisseaux des