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                     CAUSERIE D'UN BIBLIOPHILE               305

 ne comprend pas très bien l'utilité, la curiosité y ayant peu
 de part; quant à l'étude, il fallait que lès connaissances de
 M. Piat fussent universelles pour qu'il pût profiter avec
 fruit d'une pareille diversité d'ouvrages, traitant de toutes
 les sciences dans tous les pays !
    La bibliothèque privée du libraire Conquet, prématuré-
 ment décédé, a été vendue avec un succès inespéré. On
 s'accorde à dire que la moyenne des prix a dépassé de plus
 de 25 pour 100 les espérances des experts. Les néo-biblio-
 philes se sont arraché les livres modernes, ornés d'aquarelles
 ou de dessins originaux, tirés sur japon, dans des reliures
 symboliques ou emblématiques, avec cette même ardeur des
 bibliomanes qui se battent pour le livre-bibelot, de prove-
 nance célèbre, et ce n'est pas peu dire ! Mais il est probable
 que ceux qui s'engagent dans cette nouvelle . voie se
ménagent des déboires cuisants.
    On a vendu aussi le fonds delà librairie Greppe : ouvrages
choisis, quelques bons livres, et surtout de curieuses et
très belles estampes. ,M. Francis Greppe, décédé l'an
dernier, était presque un de nos compatriotes (né à Ville-
franche); il dirigeait une librairie ancienne des mieux
achalandées de Paris, Il avait plus de goût et de flair que
de sérieuses connaissances bibliographiques ; il aimait les
livres, les objets d'art, les estampes. Excellent commerçant,
il sut trouver des livres rares dans le beau moment, 1875-
1880 ; aussi les acheteurs se pressaient-ils nombreux
dans son magasin de la rue de Chateaudun. En moins
de vingt ans, il réalisa une belle fortune; c'est une des
brillantes réussites en librairie ancienne.
    Les amateurs qui ont suivi la vente des livres de
M. Paul Eudel, le critique d'art bien connu, et qui en sont
revenus bredouilles, pourront se consoler, en conservant le
  N° ;. — Mai 189S                                      20