Revue du Lyonnais » série 5 - n°25 ( 1898 ) » pp.306

3o6                CAUSERIE D'UN BIBLIOPHILE

joli catalogue de cette collection. Et, de fait, ce catalogue,
gentiment édité, intelligemment rédigé par MM. E. Paul
et Guillemin, est un petit livre des plus agréables à
voir, des plus intéressants à lire. Dans cette collection de
quatre cents numéros, réunie avec un aimable éclectisme,
on trouve un peu de tout : des gothiques, des impressions
 du seizième, des figures du dix-huitième, des romantiques
 en éditions originales ou réimprimés avec des dessins et
 des aquarelles, de charmantes reliures de toutes les époques.
 Ce catalogue est semé d'images représentant, en fac-similé,
 des reliures, des dessins, des autographes, de rares gravures
 du dis-huitième. Mais le clou de la vente consistait en un
 merveilleux bibelot historique, pour lequel je ne saurais
 mieux faire que de citer la notice :

  N° I 8 I . — TROUSSE DE L'ECUYER TRANCHANT DE MARGUERITE DE
VALOIS, REINE DE NAVARRE. — Précieuse relique découverte aux envi-
rons d'Usson, lieu d'exil de la Reine de Navarre, où elle demeura
pendant plus de quinze ans. Paul Eudel raconte avec beaucoup d'humour,
dans la livraison d'avril de la Revue biblio-iéinwgrapbique comment il fit
l'acquisition de cet objet chez un brocanteur de Clermont-Ferrand.
   C'est une boîte oblongue, en forme dégaine, avec une saillie sur un
des côtés pour marquer la place du grand couteau du maître-queux,
avec de distance en distance des boucles par lesquelles devait passer la
courroie qui aidait à la porter au côté. Les ais de bois formant les
parois de la trousse sont recouverts de maroquin olive qui a pris sous
l'action du temps une très jolie patine.
   L'objet se trouve en]quelque sorte relié, et à en juger par la finesse et
l'élégance de cette reliure, le goût, qui a présidé à son ornementation,
on peut assurer qu'elle est incontestablement un des plus jolis chefs-
d'Å“uvre sortis des mains des Eve, ces incomparables artistes du
xvi* siècle, et les relieurs attitrés de Marguerite de Valois.
    Les flancs et le dessus du couvercle de la gaine portent souvent
répétés deux chiffres enlacés ; l'un est composé de doubles N (Navarre),
l'autre de deux M (Marguerite) ou M. V. (Marguerite Valois), ce qui