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300                     NÉCROLOGIE

population, et nous devons tenir compte, à notre regretté
collègue, des efforts qu'il a faits pour y arriver.
   Il est temps que je m'arrête, Messieurs, et cependant je
n'ai fait que quelques pas sur le vaste champ du labeur de
notre savant confrère, mais d'autres viendront et trouveront
largement à glaner.
   Messieurs, vous venez d'admirer, malgré la faiblesse de
mes paroles, la grande érudition d'Humbert Mollière. J'ai
hâte d'ajouter que les œuvres de son esprit, quelle que soit
leur importance, pâlissent, s'effacent presque devant celles
de son cœur.
   Dieu, en lui refusant le complément de la joie du foyer,
ce gazouillement de l'enfance qui déride et délasse le
savant, avait voulu diriger sur l'infortune l'expansion de
son cœur.
   Et répondant à cet appel divin, Humbert Mollière courait,
en véritable apôtre, au-devant de ces malheureux qui
gémissent sous le poids de la douleur et de la pauvreté.
Attirés par tant de bonté, ces déshérités venaient souvent
frapper à sa porte, et toujours il les recevait, le cœur plein
d'amour et l'âme rayonnante,.comme si déjà il s'entendait
dire ces paroles consolantes : « Je souffrais et vous m'avez
soulagé, j'avais froid et vous m'avez vêtu. »
   Dans cet élan de charité, quel ferme soutien devait-il
avoir dans la digne compagne que Dieu lui avait donnée;
union touchante, où deux familles apportaient chacune le
plus précieux de tous les dons : l'honneur orné de la Foi
chrétienne.
   Dans le cœur si sensible d'Humbert Mollière, quelle
blessure profonde dut laisser la mort rapide d'un frère qu'il
aimait de toute son âme ! Il savait néanmoins dissimuler
ses déchirements pour ne pas aggraver ceux de son père.