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288 AU PAYS DES CHOTTS au fond d'une maison au patio arabe, sous la garde d'agents débonnaires, gras, placides, très aimables. Lui- même est le plus charmant des fonctionnaires. Tout de suite il nous délivre l'autorisation demandée et, en atten- dant qu'elle soit prête, nous causons : ,• — C'est bien curieux cette interdiction ? — Oh ! une simple mesure de précaution, nous répond- il, contre les Italiens. Ils sont très envahissants ici. — Je crois bien que ce sont les Français qui en souffrent. — Qu'y faire !. . Vous comptez chasser ? — Beaucoup, les régions où nous allons nous rendre sont, paraît-il, très giboyeuses. — Mais la chasse est fermée. — Comment... même ici ! — Certainement... nous sommes très civilisés...Enfin... il vous reste la grosse bête, achève-t-il en riant, et nous prenons congé de lui pour aller nous installer à l'hôtel et faire nos visites. Il faut nous hâter, nous sommes attendus le soir à cinq heures par le Résident de France, M. Rouvier.. Nous trouvons le meilleur accueil auprès de M. l'intendant militaire, du général commandant la brigade d'occupation, du colonel Jeannerot chez lequel nous devons assister le soir même à une soirée. Tous les Français installés à Tunis sont d'ailleurs charmants pour leurs compatriotes et je puis en dire autant de tous ceux que nous avons ren- contrés dans la Régence. Entre deux visites nous errons un instant à travers la ville arabe, séparée de la ville euro- péenne par la porte de France et dans ces rues étroites, rocailleuses, bordées de murs nus, bas, minés en maintes places, c'est un fourmillement d'hommes aux caftans multicolores, d'enfants presque nus, cle jolies juives aux cheveux ornés de sequins, de femmes musulmanes glissant