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220 PROMENADE TRANSJORDANIENNE
découvre Hossum ; aux dernières lueurs du crépuscule je
distingue la citadelle ruinée, les blocs épars sur le sol, les
gourbis des Druses et les tentes des nomades. Un soupir
de soulagement s'échappe de ma poitrine oppressée ; un
vent frais me frappe au visage et m'apporte les bruits du
village. J'entends des voix, des cris, des bêlements. Des
chiens furieux signalent notre approche. Les femmes
s'écartent du sentier que nous profanons. Enfin la nuit
tombe, quand je heurte d'un pied chancelant le seuil du
presbytère, au milieu d'une foule presque hostile, qui
vocifère et prend des attitudes de mépris.
Le curé paraît surpris de nous voir. Il nous accueille avec
cordialité. C'est un Piémontais d'origine. Il est établi lÃ
depuis seize ans. Son vicaire est un Hollandais à barbe
blonde. Ils n'ont pas d'autres chrétiens que la servante et
le maître d'école, tous deux Italiens. Le presbytère est neuf,
tout en pierres. La chapelle est un gourbis indigne d'une
chèvre. Le gouvernement ne permet pas de bâtir une
église. Comme je m'étonne de la présence de deux prêtres
dans une ville sans chrétiens indigènes, le curé me
répond : « Hossum est un centre. Nous avons des fidèles,
épars dans tout le Djaoulan et le Hauran, sur un rayon de
60 kilomètres. Nous desservons même Djérach et Oum-
Queis. Nous tenons une école. A la troisième génération,
nous ferons peut-être des chrétiens. Il faut prendre les
choses par le commencement. »
Hossum ne compte pas de musulmans proprement dits,
• mais des Druses, des Grecs schismatiques et des Bédouins,
adorateurs du soleil, qui vivent encore comme au temps
d'Abraham. Ils n'ont pas de lois écrites. Le père est omni-
potent dans sa famille; le cheik,dans sa tribu. L'hospitalité
est sacrée ; la femme surprise en adultère est lapidée. .