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212 . PROMENADE TRANSJORDANIENNE Je propose d'aller à Damas par Mzeïrib. La Compagnie ottomane des chemins de fer a livré à l'exploitation un tronçon de 103 kilomètres, qui part de Damas dans la direction du sud et a son point terminus à Mzeïrib. au milieu de la plaine du Haouran, sur la route des caravanes allant à la Mecque, à quelques kilomètres de Dérat, l'an- cienne Edrei, capitale du Bozan. Là fut battu par les Israélites le roi Og, mis à mort avec ses fils et tout son peuple par les ordres de Moïse. Cette victoire valut la possession de soixante villes et d'un sol plantureux, qui devint, après le partage, le domaine de la tribu de Manassé. L'itinéraire est plus long que celui de Banyas. Au lieu de suivre la diagonale, je prends les deux côtés de l'angle droit ; je dois aller à l'est, puis au nord. En réalité j'irai au sud, au sud-est, à l'est, au nord-est, puis au nord. Mais, avant l'expérience, je ne soupçonne point de telles sinuosités. Personne à Tibériade ne connaît le chemin. Les Bédouins inspirent aux guides une terreur qui les arrête. Il faut vingt heures de cheval au minimum pour atteindre Mzeïrib. On me parle d'un prêtre italien, qui vit à Hossum; mais le trajet sera allongé d'au moins trois heures. Enfin je ne sais pas l'arabe. Comment triompher de tous ces obstacles ? Un prêtre maronite, sidi Leftallah, linguiste et beau cavalier, m'accompagne depuis Nazareth. Je lui offre cinquante francs pour cette excursion. Il me répond qu'il n'a jamais franchi le Jourdain, que le pays lui est totale- ment inconnu, qu'il ne peut me guider,, qu'il se dévouera cependant comme interprète, si j'obtiens du Kaimakan une escorte d'honneur et de sûreté. Le Kaimakan me promet un sergent, qui, le yatagan au côté et la carabine à l'épaule, me servira de guide et de protecteur.