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17?                        NÉCROLOGIE

dans une lugubre page de l'histoire judiciaire ( i ) , il restait
toujours maître de lui, de sa parole, de ses jugements. Il
y apportait en même temps une finesse d'aperçus, une
délicatesse de sentiments, une recherche exquise, des voies
secrèfes de la conscience, telles que ne les enseigne pas
exclusivement le Code, et telles pourtant qu'on les attend
du juge. C'est qu'il ne s'était-pas contenté de lire dans les
livres, il avait aussi lu dans son âme. De là le charme familier
et paisible de son élocution qui captivait plus que de grands
effets oratoires. Elle avait le don de.clarifier les choses les
plus troubles; elle leur donnait une attrayante limpidité.
   Cette pensée toujours nette, ce souci de la vérité et dé la
justice, cet esprit de grand jour qui fuyait les brumeux
sophismes et s'en allait droit aux horizons purs, M. Brigueil
les. mit au service de l'action publique, lorsque lui fut
confiée la direction du parquet du Tribunal civil de Lyon,
qui. précéda pour lui la présidence de ce grand siège. Là
seule crainte que ce lourd fardeau eût pu inspirer à ses
amis, c'est qu'il écrasât sa santé débile; cette crainte, il la
ressentait lui-même ; mais son énergie la dompta. Si elle le
grandit à la hauteur de ses nouveaux devoirs, sa perspi-
cacité, quelle qu'elle fût, était impuissante à lui en révéler
le. suprême péril.
   Depuis plus de sept années, malgré la fatigue d'un labeur
sans trêve qui en épuisa d'aussi vaillants, le chef de la
seconde compagnie judiciaire de la seconde ville de France
suffisait à sa tâche, que dis-je ? il la dominait de toute la
taille