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                      OCTAVE FEUILLET                      39 I

chrétienne, qu'il s'est endormi dans les aspirations de celle
qui lui fermait les yeux.
   La seconde thèse, trop crûment formulée par M. Feuillet,
et par conséquent la plus critiquée, c'est que l'éducation
exclusivement positive, en sapant les bases de l'obligation
morale, induit la conscience à la regarder comme une tyran-
nie. L'auteur n'a pas insinué la connexité nécessaire d'une
vie criminelle avec le principe de l'athéisme, ce qui serait
une sorte de déterminisme religieux, mais seulement que, à
certaines heures, selon la violence de l'entraînement et la
faveur d'une occasion pour échappera la vindicte des lois ou
de l'opinion, nul frein n'arrêtait plus l'accomplissement d'un
crime. S'il eût voulu exprimer davantage, le romancier se
fût contredit lui-même, puisqu'il fait du docteur Tallevant,
cet initiateur de Sabine à la pratique de la vie, un type de
droiture, un saint laïque.
   Mais il a écrit cette seconde histoire en nuances moins
fines; il a mis dans la bouche de Sabine un exposé grossier
de morale positiviste qui jure trop avec l'esprit de son hon-
nête tuteur; il n'a pas assez analysé les ressorts qui déter-
minent la conversion de Vaudricourt, car cette révélation
terrifiante que reçoit celui qui fut le mari d'Aliette, ne suf-
fit pas seule à expliquer une transformation si entière dans
un homme totalement affranchi des vieux préjugés, comme
il disait. Pour ces raisons, et aussi parce qu'il amène le
dénouement d'une manière écourtée et presque brutale,
M. Feuillet a fourni des armes contre lui-même.
   Non, l'éducation religieuse ne fait pas que des honnêtes
gens, et l'éducation seulement scientifique, que des mons-
tres. Mais, dans le christianisme, la première favorise puis-
samment le développement des bons instincts et prête à la
volonté, par les raisons éternelles sur lesquelles elle fonde