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AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE 85 et qui, ayant pu cependant disposer sur la place du peu d'argent qui leur restait, étaient parvenus à s'acquitter. Cet argent ainsi dispersé donnait de l'assurance au crédit et per- mettait d'attendre des remises ou du dehors, ou de Lyon même, ou, ce qui arrivait quelquefois, d'en obtenir des bourgeois qui faisaient valoir leurs fonds sur la place. Les Florentins, qu'on tenait en ce temps-là pour les pre- miers commerçants du monde, se déclarèrent tout de suite pour le plus grand crédit au mépris de la plus grande sûreté ; mais, s'ils en avaient fait voir les avantages, ils en montrèrent aussi les inconvénients, car les premières ban- queroutes importantes, qui dévastèrent la place de Lyon, furent faites par les principaux d'entre eux. Cependant on ne saurait douter que la manière dont s'opérait le change à Lyon, ne fût excellente : il suffit pour s'en convaincre de constater qu'il n'y avait point de ville en France où les marchands trouvaient autant de crédit. En effet, au moyen des bilans, les créanciers pouvaient faire, de trois mois en trois mois, une espèce d'inventaire de ce que possédaient leurs débiteurs, et on prête d'autant plus volontiers qu'on ne perd presque pas de vue son argent. Les Italiens furent les premiers qui contribuèrent à l'extension du commerce lyonnais, aussi obtinrent-ils de grands privilèges et réalisèrent-ils de grands profits; ils vinrent même à Lyon en si grand nombre qu'on fut obligé de les cantonner pour ainsi dire et de leur attribuer un quartier particulier. C'étaient eux qui, dans les commence- ments, avaient le droit d'ouvrir les paiements; plut tard, ils cédèrent ce droit aux Génois et aux Piémontais, qui le gar- dèrent jusqu'à ce que le consulat se le fût attribué. Par la suite, les Lyonnais s'initièrent aux choses du négoce et le crédit des Italiens tomba peu à peu. On fit plus d'affaires avec la Suisse, avec l'Allemagne, auxquelles