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33°                        LES ORIGINES

dans leur style pittoresque et plein de charme, appelaient
si justement l'Aumône générale ( i ) .


                                  I


   C'était en l'an de grâce 1531 : la disette faisait des ravages
par tout le royaume de France ; les provinces les plus pro-
ductives étaient stériles. Dans le Lyonnais et alentour, la
rareté des grains était telle que le bichet de blé, qui d'ordi-
naire ne valait que dix sols tournois, se vendait jusqu'à cin-
quante-six et soixante, ce que jamais de mémoire d'hommes
on n'avait vu. La Bourgogne, la Bresse, le Dauphiné, la
Savoie, le Beaujolais, le Forez, l'Auvergne et les pays
circonvoisins envoyaient sur Lyon de pauvres gens affamés
par milliers, soit par terre, soit par eau : « à plains batteaux.»
Et suivant les fortes expressions d'un auteur du temps (2) :

   « Estoyent ces povres gens tant défaicts et maigres,
qu'ils sembloyent plus larves et anatomies vives, que autres
créatures. De ces trouppes misérables ne s'entendoit autre
voix nuict et jour que, je meurs de faim, je meurs de faim;
et de fait en mourait à toutes heures grandes-multitude par
les estables, par les rues et sus les fumiers, chose non moins
espouventable que pitoyable. »


   (1) L'hôpital de la Charité n'est que la continuation de l'Aumône
générale. — La fondation de ce monument, décidée en assemblée
solennelle, le 31 décembre 1614, répondait aux nouveaux besoins de
l'œuvre, connue depuis sous ce double titre : Aumône générale et Noire-
Dame de la Charité.
   Archives de la Charité, série £,32.
   (2) Paradin, Mémoires de l'histoire de Lyon, 1573, P- 2 ^ .