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470                    BIBLIOGRAPHIE

lement, à quelque recueil qu'il eût donné sa collaboration.
Le voici qui nous offre une première série de Contemporains :
le mot première est inscrit sur la couverture comme une
promesse, et les lecteurs sont tout disposés à substituer au
terme de promesse le mot engagement : car M. Jules Le-
maîtreest de ceux que le public aime à avoir pour débiteurs.
   M. Jules Lemaître est sorti de l'école normale. C'est
l'un de ces universitaires assez nombreux, trop nombreux
peut-être, qui ont renoncé à l'enseignement pour embrasser
la carrière de la littérature indépendante et du journalisme.
Ils y entrent avec toute l'avance que donnent de sérieuses
études littéraires, des facultés critiques déjà exercées, l'habi-
tude de se rendre compte des procédés des écrivains et de
leurs doctrines; qualités précieuses qu'ils doivent à l'ensei-
gnement qu'ils ont reçu et à celui qu'ils ont donné, si peu de
temps qu'ils aient passé dans leur chaire de professeur. Dans
cette armée toujours un peu tumultueuse du journalisme, ils
apparaissent avec le coup d'ceil et le sang-froid de l'officier
déjà formé, et ils y apportent, chose qui étonnera au premier
abord, beaucoup moins d'esprit systématique et de parti
pris que ceux qui s'y sont lancés à l'étourdie et sans forma-
tion préalable. Ceux-là se croient indépendants, libres de
toute doctrine convenue, et n'ont, en somme, que l'indé-
pendance de la girouette, qui tourne au premier vent qui
passe. Ils sont tout fiers de n'avoir pas de credo littéraire,
et ne s'aperçoivent pas qu'ils subissent, dans leurs appré-
ciations, tous les caprices de la mode. Les normaliens
n'ont en général qu'une seule méthode : étudier sérieuse-
ment, bien voir et rendre un compte fidèle de ce qu'ils
ont vu. La critique très éveillée et assez railleuse de leurs
camarades a fait, dès l'école, justice de toute espèce de
fatras doctrinal. L'école normale estlepremierlieudumonde