Revue du Lyonnais » série 5 - n°1 ( 1886 ) » pp.475

              VOYAGE AUTOUR D'UN TIROIR                  475
graissés de la sueur des auteurs, » comme on dirait à la
salle de la Perle. Mais on ne nous cite pas ceux avec les-
quels ils ont maigri. Hugo est mort cinq fois millionnaire.
Les éditeurs de l'Homme qui rit ont fait faillite.
   Quoi qu'il en soit, c'était loyauté de notre cher poète
de publier cette fable, en en faisant ainsi son mea culpa.
On va voir quel dommage c'eût été que la pièce restât
enfouie sous ses remords.



           LE VAUTOUR ET LE PINSON




             Dans le taillis qui le vit naître,
             Un pinson-poète chantait.
             « — Il a vraiment la voix d'un maître,
             Dit un moineau qui V'écoutait.
             « Mais quoi ! ce modeste cottage
             Est-il propre à faire valoir
             Tous les trésors de gai savoir
             Qu'il reçut des dieux en partage ?
             Là-bas se dresse jusqu'aux deux
             La montagne au piton superbe,
             Géant qui domine ces lieux
             Autant que le chêne un brin d'herbe.
             Que ri'entonne-l-ïl sa chanson
             De cette tribune élevée ?

             — Ah ! soupira notre pinson,
             Cette gloire, je l'ai rêvée.
             Mais notre aile est courte, et j'ai peur,
             Avant que d'atteindre à ce faîte,
             De m'égarer dans la vapeur,
             Ou de tomber, perdant la tête. »