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                 SUR LA FONTAINE DES JACOBINS                         109

auteur du monument qui nous occupe (3). Nous avons,
pour compléter nos renseignements, fouillé, non sans
labeur, dans les journaux du temps, à peu près exclusive-
ment remplis de récits de crimes. Enfin, nous avons
obtenu de quelques vieilles familles lyonnaises commu-
nication de correspondances conservées dans des archives
privées, dont le secours nous a été précieux.
   C'est ainsi que nous avons pu reconstituer dans toutes
ses phases l'historique de la construction de notre vieille
fontaine, historique ignoré jusqu'à ce jour, même de nos
meilleurs érudits.

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   Avant le monument qui nous occupe, trois fontaines
furent successivement élevées sur son emplacement. Nous
trouvons tout d'abord une pompe, dont la grossière enve-
loppe en pierre affectait en plan la forme triangulaire. Cette
pompe était pourvue d'un balancier dit « à poire », que les
gens du quartier lançaient à tour de bras pour obtenir l'eau
nécessaire à leurs ménages. Mis en branle du matin au soir,
ce balancier, par ses grincements continuels, d'où est venu
le mot littéraire pris au figuré « balancer », ce balancier
porta si bien sur les nerfs d'un tranquille habitant du voisi-


   (3) Une chose nous a bien vivement frappé en parcourant cette cor-
respondance officielle. Presque toutes les lettres commencent par : « Je
m'empresse. » Cela ne suffit-il pas pour laver cet artiste du reproche
de lenteur qui lui a été si souvent adressé?
   On a été jusqu'à dire qu'il avait fait sculpter les tortues qui grimpent
sur le soubassement de sa fontaine, en guise d'armes pariantes et pour
signer sou Å“uvre ! ! !