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BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE 75 derrière eux, en adoration devant le Christ, dont les pan- neaux centraux, sculptés sur bois en ronde-bosse, repré- sentent la Passion. La correction du dessin, la grâce des attitudes, la finesse du modelé, la vérité des accessoires, l'intensité du sentiment religieux dont sont empreintes les physionomies, tout, dans ces portraits, révèle la main d'un maître. L'origine flamande de cette œuvre ne peut être discutée ; elle s'explique d'ailleurs par le crédit qu'avaient à cette époque les artistes flamands à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dont Michel de Chaugy était chambel- lan et premier maître d'hôtel. M. Jacques Guillien qui, l'un des premiers, dans la Revue du Lyonnais d'avril 1845, a fait connaître le triptyque d'Ambierle, l'avait attribué à van Eyck; on tend aujourd'hui à en faire honneur à un de ses disciples, van der Weyden (1). Quel que soit du reste l'auteur, ce qui est hors de cause ici, c'est la haute valeur de l'œuvre; et il faut féliciter à la fois notre compatriote, M. Francisque Odier, qui s'en est fait, sous les auspices de la Diana, l'intelligent et habile restaurateur, et M. Chas- sain de La Place qui a appelé une fois de plus sur elle, par sa savante monographie, l'attention des amateurs. C'est par de semblables travaux que le Roannais illustré se maintiendra au rang élevé qu'il a déjà conquis et consa- crera un succès dont je veux en finissant, et pour être juste, faire remonter le mérite, en même temps qu'à ses deux directeurs littéraire et artistique, aux vaillants collaborateurs qu'ils ont su grouper autour d'eux. G. SANLAVILLE. (1) Van der Weyden est né à Tournai vers l'an 1400. On lui a res- titué depuis quelques années plusieurs œuvres primitivement attribuées à van Eyck, notamment le merveilleux triptyque conservé à l'hospice de Beaune.