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402 LES ORIGINES moissons, les campagnes avaient besoin de bras ; les com- missaires de l'Aumône profitent de ces circonstances favo- rables pour suspendre les secours. Mais avant de congé- dier les pauvres étrangers, et afin de leur faciliter les moyens de retourner dans leurs pays, kils leur donnent encore, à chacun, des provisions de bouche et une somme d'argent en proportion de la distance à parcourir. Faut-il s'étonner d'une si grande générosité? Ne savons- nous pas que le Lyonnais est essentiellement charitable ? N'est-ce pas lui qui, dès le vie siècle, a doté le royaume de France du premier hôpital? Disons-le hautement, car c'est une gloire chère à notre cœur, le Lyonnais donne largement; mais il ne donne pas sans compter; et c'est pourquoi ses œuvres sont durables. Selon les habitudes séculaires de notre ville commerçante (habitudes dont nous devons nous louer ici, puisque nous y puisons, comme aune source intarissable, des documents certains sur les origines de l'Aumône générale), les com- missaires avaient à rendre compte de leur gestion; ils avaient à donner le détail des quêtes et souscriptions, à indiquer par le menu l'emploi qui en avait été fait, à signa- ler le reliquat, soit en plus, soit en moins, en un mot, à faire la balance de toutes leurs opérations. C'était une liquidation longue et difficile ; elle fut confiée à Pierre Dorlin, notaire royal, et dura plus d'une année. Le iS janvier 1533, I e résultat fut soumis à l'approbation des notables, marchands et bourgeois de la ville, réunis à St-Bonaventure sur la convocation des receveurs généraux. Tout compte fait, on avait dépensé 9.793 liv. 19 s. 2 d. pour nourrir, durant /2 jours, cinq mille cinquante-six pauvres en moyenne ; ce qui portait à 9 deniers seulement la dé- pense par tête et par jour.