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                      OCTAVE FEUILLET                      389

irréprochable, il a trop fréquenté les belles pécheresses
pour qu'on ose y compter. Du moins, n'est-il pas de la
race des écrivains destructeurs. Pour ne choisir qu'un
double exemple parmi les romanciers qui comptent, les
fines observations psychologiques de M. Cherbuliez déga-
gent un scepticisme ironique, et les analyses si étrangement
subtiles de M. Paul Bourget, un pessimisme aussi impuis-
sant à aimer qu'à croire. M. Feuillet qui n'a pas goûté au
philtre de M. Renan, affirme la vie morale et religieuse;
il a foi non seulement au beau, mais au bien.
   On lui a reproché La Morte comme un roman à thèse.
Cependant presque tous les romans qui ont quelque portée
ne visent-ils pas à une cause ou à une idée ? M. Zola lui-même,
lorsqu'il nous introduit en pleins bas-fonds de la classe
ouvrière ou bourgeoise, ne déguise-t-il pas une thèse so-
ciale? Nous serons dans le vrai, si nous disons que la thèse
doit seulement se laisser deviner. Un roman, pas plus
qu'un drame, ne rappelle impunément le prêche ou la
conférence.
   En montrant, dans une analyse discrète, mais saisissante,
comment le défaut d'entente sur la question religieuse a
troublé le foyer d'Aliette et de Vaudricourt, M. Feuillet
a-t-il voulu nous faire entendre la nécessité d'une union
complète de croyances pour le bonheur d'une vie à deux ?
En tout cas, la thèse, si thèse il y a, n'est pas pour déplaire
à ceux de ses contradicteurs qui se figurent y trouver un
thème favorable à leur doctrine préférée d'une éducation
purement positive, même pour les femmes, laquelle fonde-
rait enfin l'accord conjugal sur le culte unique de la science.
  Certainement les conditions sont moins bonnes, si l'un
des époux méprise ce que l'autre estime et aime souverai-
nement. L'antagonisme, pourtant, est-il inexorable ? Le