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386                  OCTAVE FEUILLET

 passe insensiblement sous le charme des qualités qu'il a
laissé voir.
    Un obstacle invincible arrête tout projet de mariage. On
devine qu'Aliette ne sera jamais accordée qu'à un homme
religieux de sentiments et de pratique. Vaudricourt pour-
rait dissimuler l'état vrai de son âme, mais sa droiture se
révolte. Il déclare donc qu'il n'est point croyant et ne le
sera jamais. Heureusement, un évêque éclairé et indulgent,
oncle d'Aliéné, sur l'espoir que la jeune femme convertira
son mari à la religion désertée, lève la difficulté et le
mariage s'accomplit.
   Le jeune homme, à son tour, s'est flatté qu'en ramenant
sa femme à Paris, le milieu mondain corrigera ce qu'il
regarde comme excessif dans sa piété. Illusions, hélas! qui,
des deux côtés, finissent par tomber. Un sourd désaccord
isole les deux cœurs, en dépit des harmonies apparentes,
engendrant une tristesse invincible chez la femme, et chez
l'homme une irritation douloureuse.
   Découragé, Vaudricourt emmène Aliette à la campagne.
Un second roman se greffe alors sur le premier. Un M. Tal-
levant, médecin d'âge mûr, tout entier aux soucis de la
science, habite dans le voisinage, avec sa pupille, Sabine,
à laquelle il a donné lui-même une éducation exclusive-
ment naturaliste. Lui, par son habileté médicale ; elle,
par ses soins multipliés, sauvent l'enfant du jeune ménage,
que le croup allait emporter. Sabine, sous l'influence de
son éducation émancipée, devine la passion inavouée que
Vaudricourt a conçue pour elle. Ne laissant rien paraître,
elle multiplie ses visites à la jeune comtesse, maintenant
atteinte d'une maladie de langueur, et finalement donne du
poison à celle qu'elle regarde comme sa rivale. Aliette a