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                   D'UN VIEUX GROGNARD                    351

ajouta-t-elle, pour tempérer la rigueur de cet arrêt, que
vous viendrez nous voir au retour de votre excursion en
montagne; alors sans doute Jeanne, complètement remise,
pourra vous remercier de nouveau. »
   Je fis contre mauvaise fortune bon cœur et je dis à
Mme Durand que mon intention était, en effet, de quitter
Vais le lendemain pour y revenir dans quelques jours. En
même temps, je pris congé d'elle, le cœur partagé entre
mille sentiments divers, fort heureux du rapprochement
que les circonstances venaient d'établir entre nous, mais
assez inquiet de la santé de Jeanne et ne pouvant me défen-
dre de tristes pressentiments.


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   Le soir, le ciel devint sombre et, dans les- dispositions
d'esprit où j'étais, il me sembla qu'il ne pouvait en être
autrement. Des nuages noirs, apparaissant au sud, présagè-
rent un orage. Quand le tonnerre commença à gronder
dans le lointain, je me dirigeai instinctivement vers la mai-
sonnette des bords de la Volane. Derrière cette modeste
habitation s'étendait un petit jardin entièrement planté de
ces grandes fèves d'automne, qu'on fait grimper sur des
échalas, et dont les fleurs exhalent une odeur d'une suavité
capiteuse. En approchant, j'entendis, non sans étonnement,
dans la maison, le bruit d'une conversation assez animée,
mêlée de quelques gémissements. Poussé par la curiosité, je
franchis la haie et me cachai dans les touffes de fèves, moins
pour savoir ce qu'on disait, que pour avoir des nouvelles
de l'état de ma bien-aimée.