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342                  LE PREMIER AMOUR

mis en vogue les mœurs pastorales plus ou moins traves-
ties. Les nobles ne dédaignaient pas de prendre part aux
divertissements villageois et beaucoup d'entre eux, comme
le marquis de Brison, se faisaient un honneur d'ouvrir eux-
mêmes, dans leurs terres, le bal champêtre qui marquait
l'après-vêpres de chaque dimanche dans la belle saison.
   A Vais, les choses se passaient naturellement de la même
façon, et les membres de la petite société cosmopolite qui
s'y rencontrait, n'étant plus retenus, comme ils pouvaient
l'être chez eux, par des convenances locales, n'en prenaient
que plus de plaisir à se mêler à ces fêtes en plein vent.
   Le bal se tenait dans les prairies situées de l'autre côté
de la rivière Volane, que l'on traversait sur une passerelle
en bois, à côté de la source Marie. L'orchestre se compo-
sait habituellement d'un violon et d'un tambourin. Le pre-
mier de ces artistes était barbier et le second sonneur de
cloches, peut-être même croque-mort dans une paroisse
voisine. Tous deux cumulaient leur double fonction de
père en fils depuis un temps qui dépassait de beaucoup les
souvenirs historiques des bons habitants de la région.


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    Or, c'était justement un dimanche soir que je tombai à
Vais. Mon père m'avait autorisé à prendre son cheval pour
une excursion de cinq ou six jours dans les montagnes du
Vivarais et jusqu'en Auvergne. Tu comprends, neveu, si
j'étais content. Je fis mon entrée dans le bourg de Vais,
fier comme un mousquetaire royal et j'eus la satisfaction
d'entendre plus d'une bouche féminine dire sur mon pas-
sage : Oh! le beau cavalier! Le fait est que je montais déjÃ