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33^ LES ORIGINES « Les principaux de la ville avancent certaine somme de deniers pour commencer la provision de l'aumône et pour achepter une bonne quantité de bled, laquelle est inconti- nent convertie en pain mis en pièces chacun de deux livres « Cette provision ainsi diligeamment faite, tant de pain que de marques, fut proclamé à son de trompe, par tous les carrefours de la ville (qui fut le jeudy dix-huitième jour de may l'an mil cinq cent trente et un) que tous les povres eussent à se trouver, le lendemain à 6 heures de matin, et quand la grosse cloche sonnerait au couvent susdit de Saint- Bonaventure, pour illec recevoir leur aumône et faire ce que leur seroit commandé et ordonné. — Lesquels ne faillirent de se trouver, à l'heure assignée, en la place dudit couvent; auquel lieu aussi estoyent venus cinquante des principaux et plus apparans de la ville de Lyon, avec les marques et le pain : et comme les povres entroyent par les portes de la closture dudict couvent, on escrivoit et enrolloit leurs noms, surnoms et les lieux de leur naiscence, en leur baillant pour celle fois, à chacun une aumosne de pain seulement et une desdites marques, leur faisant commandement de se retirer au logis que la marque leur figurait et enseigneit (9). » A cette assemblée se trouvaient de sept à huit mille per- sonnes, tant hommes que femmes et petits enfants. C'était beaucoup plus qu'on ne pensait, si bien que les provisions manquèrent, qu'il fallut encore quérir du pain chez les bou- langers de la ville, et qu'on en eut à peine assez. La distri- bution avait duré huit heures sans désemparer. (9) Paradin, Mémoires de l'histoire de Lyon, p. 288. I