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312 LES CONCERTS
dessinant d'abord au plus haut de l'échelle des sons harmo-
niques des violons, descend par degré, en passant par tous
les timbres de l'orchestre, toujours plus grave et plus in-
tense, pour remonter et se perdre dans les régions aérien-
nes.
Après avoir signalé ces imperfections relatives, nous
n'avons plus guère qu'à louer l'orchestre pour son excel-
lente interprétation du Scherzo du Songe, du nocturne si bien
dit par le cor de Rottonod, de la marche nuptiale et de
l'invitation à la valse de Weber.
Le premier final de la Création d'Haydn a terminé le
dernier Concert et n'a produit qu'un effet médiocre. Les
chœurs manquaient d'assurance et le mouvement général a
été plus que doublé. Une pareille précipitation ne saurait
convenir au style si noble de cette grande page et au ma-
jestueux développement de la fugue finale.
Cette quatrième audition a donc été réellement inférieure
aux précédentes, surtout à la troisième. Les organisateurs
doivent en tirer des enseignements précieux. L'orchestre
peut facilement aborder toutes les œuvres même les plus
difficiles, à la condition d'obtenir des instruments à corde
l'étude plus approfondie de certains passages délicats.
Nous pouvons nous en rapporter pour ce soin à Luigini,
qui est certainement aujourd'hui l'un des meilleurs chefs
d'orchestre français. Il est né chef d'orchestre et mettra
son amour-propre à vaincre tous les obstacles, pour appro-
cher le plus près possible de la perfection. Sa carrière s'est
faite presque entièrement en province, et il a dû avoir rare-
ment l'occasion d'entendre les grandes œuvres classiques
à l'orchestre; certaines traditions lui échappent, mais son
instinct musical le sert à merveille et il est assez artiste
pour ne pas redouter et solliciter même un bon conseil.