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290              ÈTYMOLOGIE DU MOT BEAUJEU
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   Le même recueil donne la bulle du Pape Alexandre par
laquelle, le 31 mars 1070, ce souverain pontife prit le Cha-
pitre de Beaujeu sous sa protection spéciale, et aussi une
notice de l'an 1076 sur la fondation de l'église consacrée
le 6 des Ides de décembre ( 4 ) ; enfin, un titre de 1080 à
1090 est une donation par Humbert, mari d'Auxilie de
Savoie, à cette église placée sous le vocable de la Vierge
Marie, ecclesiam béate Marie domini Beljocensis.
   Or, si l'on enlève à ce nom de Bogenis sa terminaison is,
évidemment latine, si même elle n'est pas un génitif, il
reste BOGEN qui, dût-on nous accuser de celtomanie ingué-
rissable, dérive des deux mots celtiques Bo, bœuf et gen (ou
mieux gweti), beau ou blanc.
   A ceux qui s'étonneraient de cette étymologie, nous
répondrons tout d'abord qu'il est constaté par tous les
historiens que, lorsque la langue celtique, qui était com-
mune à tous les peuples de la Gaule, s'altéra par le mélange
du tudesque et du latin pour devenir la langue romane et,
plus tard, la langue française, les noms de lieux, de villes,
de rivières sont ceux qui persistèrent le plus (5) : ils sont
faciles à reconnaître à leur forme rude et à leur composi-
tion plus souvent faite d'une que de deux syllabes, comme
dans le mot qui nous occupe.
   On nous demandera peut-être ce que vaut ici ce nom
singulier de Bo-gen, le beau, l'excellent bœuf ou même le
bœuf blanc? Un auteur fantaisiste y pourrait voir l'intro-
duction, pour la première fois, de notre belle race bovine
du Charolais, — car, nous venons de le dire, le mot gwen



  (4) Ibidem, pages 35 et 38.
  (5) Voyez Picot, Hist. des Gaulois, t. III, ch, Vnï.